Ezequiel Spucches, piano
Ana Millet, violon
Elisa Huteau, violoncelle
Claire Luquiens, flûte
Clément Caratini, clarinette
Lucia Peralta, alto
Maxime Echardour, percussions
Fabien Hyon, Tenor
LUNARIO :
Auteur majeur de la littérature argentine du début du XXe siècle et figure de proue du modernisme, Leopoldo Lugones écrit en 1909 Lunario sentimental. Le recueil aborde la thématique de la lune au travers des formes littéraires très diverses, allant du poème en vers libre au théâtre en passant par la prose poétique et le conte. Le livre se termine par une pantomime intitulée « Le Pierrot Noir ». Dans le prologue, Lugones affirme que l’art poétique nous éloigne du lieu commun, qui appauvrit le sens. Il y trace aussi des nombreux parallèles entre la poésie et la musique. Il nous confie enfin que ce livre est une vengeance poétique, « le fruit excellent qui nait de la force obscure de la lutte, au même titre que la souffrance se déverse dans le cristal pur des larmes. » L’ensemble ALMAVIVA passe commande au compositrices, Graciane Finzi, et Violeta Cruz, ainsi qu’au compositeur Ezequiel Spucches, pour mettre en musique des extraits de l’œuvre de Lugones. Trois pays, la France, l’Argentine et la Colombie, trois univers musicaux mais une même formation instrumentale (proche de celle appelé « formation Pierrot » en référence à l’instrumentation novatrice du Pierrot lunaire de Schönberg) permettra de traduire la diversité de formes et l’unité thématique, éléments qui constituent l’essence même de Lunario sentimental. L’utilisation de la langue espagnole originale sur titrée permettra au public d’entendre la musicalité de l’écriture de Lugones, donnant tout son sens à l’affirmation de l’écrivain argentin « le vers est musique ».
Pierrot Lunaire :
Parmi les nombreuses manières d'associer la musique à la parole, le sprechgesang (chanté-parlé en allemand) occupe une place tout à fait particulière. C'est en utilisant cette technique vocale que le compositeur viennois Arnold Schönberg compose, en 1915, une pièce qui marquera un tournant dans l'histoire de la musique : le Pierrot lunaire, mélodrame pour voix et quintette sur des poèmes de l'écrivain belge Albert Giraud, traduits en allemand par Otto Erich von Hartleben. Le récit est confié au ténor Fabien Hyon. Entre songe et rituels, la mise en scène épurée d’Alexia Guiomar nous interroge : qui parle, qui voit, qui convoque ? Une traversée de nuit, portée par ce premier vers du Pierrot lunaire d’Albert Giraud : “Je rêve un théâtre de chambre”. L’Ensemble ALMAVIVA associe pour ce concert le Pierrot lunaire au Lunario sentimental du compositeur argentin Gerardo Gandini, trio pour violon, violoncelle et piano, qui utilise “sans autorisation” (selon les mots ironiques de Gandini dans sa dédicace) certains matériaux musicaux du Pierrot de Schönberg.